Mstislav Rostropovich | fr

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Mstislav Leopoldovitch Rostropovitch (en russe : Мстислав Леопольдович Ростропович), (27 mars 1927 à Bakou1 RSS d'Azerbaïdjan, URSS - 27 avril 2007 à Moscou, Russie), est probablement le violoncelliste le plus réputé du XXe siècle. Véritable virtuose qui a marqué le paysage international de la seconde moitié du XXe siècle, il s'est également fait connaître en tant que défenseur de la liberté. Mstislav Rostropovitch a été aussi membre d'honneur du Club de Budapest.

En tant que violoncelliste, il a suscité un nombre considérable d'œuvres (plus de cent premières) et a poursuivi sa vie durant l'objectif avoué de constituer à son instrument un répertoire dont il jugeait qu'il était jusqu'alors insuffisant (en comparaison de celui du violon par exemple).

Les débuts

Mstislav Rostropovitch est né à Bakou, en Azerbaïdjan, de mère russe et de père issu de la noblesse polono-biélorusse3. Dès l'âge de 4 ans, il apprend le piano auprès de sa mère, pianiste confirmée, puis à dix ans, également le violoncelle auprès de son père Léopold, violoncelliste éclairé qui avait étudié auprès de Pablo Casals et lui-même fils de violoncelliste. À treize ans, en 1940, il donne son premier concert en tant que soliste, où il interprète le Concerto pour violoncelle n° 1 de Camille Saint-Saëns.

À seize ans, il entre au Conservatoire de Moscou où il étudie le piano et le violoncelle, mais aussi la direction et la composition et où il eut pour professeurs Simon Kozoloupoff, Vissarion Chebaline, Chostakovitch et Prokofiev. Durant cette période, il compose énormément, mais décide soudainement de se consacrer uniquement au violoncelle, à la suite du contact avec Chostakovitch et les répétitions de sa Huitième symphonie qui l'ont convaincu qu'il n'avait pas le talent de compositeur qu'il espérait
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Les premiers concerts

Il donne son premier concert de violoncelle en 1942 et obtient le Premier prix aux concours internationaux de Prague et Budapest en 1947, 1949 et 1950. En 1950, à l'âge de 23 ans seulement, il se voit remettre des mains de Joseph Staline la plus haute distinction civile qui existe alors en Union soviétique, le Prix Staline. À l'époque, le musicien est déjà très connu dans son pays et parallèlement il a une intense activité de soliste, il enseigne au Conservatoire de Leningrad (actuellement Saint-Pétersbourg), puis à celui de Moscou. En 1955, il épouse une soprano du Bolchoï, Galina Vichnevskaïa. Sa carrière internationale (c'est-à-dire du côté Ouest) débute réellement en 1963 au Conservatoire de Liège (sous la direction de Kirill Kondrachine) et en 1964 lors d'un concert donné en Allemagne fédérale. Dès lors, il effectue plusieurs tournées à l'Ouest où il rencontre des compositeurs tels que Benjamin Britten qui se mettent à composer pour lui. En 1967, il dirige Eugène Onéguine au Bolchoï, laissant ainsi éclater sa passion pour la direction et l'opéra.

L'exil

Promouvant l'art sans frontière, la liberté d'expression et les valeurs démocratiques, Mstislav Rostropovitch n'est pas très bien vu par le régime de Léonid Brejnev. Son amitié avec Alexandre Soljenitsyne et son soutien aux opposants au régime en place sont la cause d'une disgrâce officielle au début des années 1970. Il est exclu de nombreux groupes musicaux ; Rostropovitch, sa femme et leurs enfants quittent alors l'Union soviétique et s'installent aux États-Unis l'année suivante. En 1978 il est officiellement déchu de sa citoyenneté soviétique par Léonid Brejnev pour « actes portant systématiquement préjudice au prestige de l'Union soviétique ». Il devient alors apatride.
Avec Galina Vichnevskaïa

En 1977 est créé à Paris le concours de violoncelle qui porte son nom et dont il a présidé les jurys jusqu'à sa mort ; les premiers lauréats ont été Lluis Claret et Frédéric Lodéon.

De 1977 à 1994, il dirige l'Orchestre symphonique national (Washington). Il est aussi le directeur et fondateur de nombreux festivals (Aldeburgh, Rostropovitch Festival, etc.) et réalise de nombreux récitals et concerts et joue avec les plus grands (Richter, Horowitz, etc.). Il a suscité également de nombreuses créations de la part de Chostakovitch, Prokofiev, Britten, Dutilleux, Messiaen, Bernstein, Lutoslawski ou encore Penderecki.

L'engagement et le retour

Sa prestation le 11 novembre 1989 aux toutes premières heures de la chute du mur de Berlin, assis sur une chaise devant un pan de mur lui a valu d'être connu dans le monde entier, la scène ayant été filmée par des télévisions internationales.

Le 16 janvier 1990, Mikhaïl Gorbatchev signe le décret de réhabilitation de Rostropovitch. Le violoncelliste s'implique dès lors dans la vie officielle de son pays, il soutient Boris Eltsine pendant la crise constitutionnelle en dirigeant le National Symphony Orchestra de Washington sur la Place Rouge ; il est aussi partisan de Vladimir Poutine, récusant les critiques contre ce dernier au sujet de la corruption ou de la liberté d'expression.

Grand Officier de la Légion d'honneur française, Chevalier de l'Ordre de l'Empire britannique, membre de l'Académie des Arts et des Sciences des États-Unis, de l'Académie Royale de Suède, de l'Académie Royale de Grande-Bretagne, il est Docteur Honoris Causa de quarante universités parmi les plus prestigieuses du monde (Yale, Princeton, Harvard, Oxford, Cambridge, etc.). En mars 1998, il devient Ambassadeur de bonne volonté pour l'UNESCO8 et soutient des projets éducatifs et culturels, ainsi que l'Appel international de l'UNESCO pour l'enseignement artistique dans les écoles. Avec sa femme, Galina Vichnevskaïa, Mstislav Rostropovitch crée la fondation Vishnevskaïa-Rostropovitch dont le but est de stimuler des activités et des projets sociaux, comme un programme de vaccination en Azerbaïdjan.

Il meurt du cancer le 27 avril 2007 à Moscou, un mois après avoir célébré ses 80 ans, et quatre jours après le décès de son ami l'ex-président russe Boris Eltsine. Le corps de Rostropovitch est exposé dans la Cathédrale du Christ Sauveur pour recevoir les hommages des fidèles. Le 29 avril une cérémonie eut lieu en la cathédrale en présence de nombreuses personnalités russes dont le président Vladimir Poutine, la veuve de Boris Eltsine, Naina Eltsina, l'épouse de l'écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne, Natalia Soljénitsina et étrangères, le président de l'Azerbaïdjan İlham Əliyev et son épouse Mehriban Əliyeva, la reine Sofia d'Espagne et la première dame de France Bernadette Chirac. Il a ensuite été enterré au cimetière de Novodevitchi, comme Chostakovitch et Prokofiev avant lui.

Anecdotes

Bien avant leur exil, le couple était en butte aux autorités soviétiques et séjournait chez Louis Aragon lorsqu'il passait à Paris afin d'échapper aux surveillances du KGB. Ainsi, fin 1970, peu de temps après la mort d'Elsa Triolet, «Slava» vint au Moulin de Villeneuve jouer un soir devant sa tombe la sarabande de la suite n° 5 de Bach. À la suite de cette soirée, Aragon lui composa un poème, « Chant pour Slava ».

Mstislav Rostropovitch a donné son nom à la promotion 2008 de l’Institut d’études politiques de Strasbourg.

Instruments

« La musique moderne exige des sons différents - souvent plus sévères afin que le son du violoncelle puisse s'élever au-dessus de l'orchestre. Mon Stradivarius est d'une beauté incroyable, mais en tant qu'artiste je ne suis pas toujours à la recherche d'une belle sonorité, et j'utilise des instruments modernes le cas échéant. »

— Rostropovitch (in Joanne Talbot — Shaping a century — The Strad, October 1997, p. 1057)

En 1969, il acquiert le Stradivarius Visconti da Madrona.

En 1974, il acquiert le Stradivarius Duport11, fabriqué par Antonio Stradivari en 1711 et qui passa successivement dans les mains de Jean-Pierre Duport et Auguste-Joseph Franchomme. C'est avec Étienne Vatelot qu'il se rendit aux États-Unis pour acheter le Duport. L'anecdote veut que le violoncelliste et le luthier qui l'expertisait apprirent que le testament de Gerald Warburg précisait que l'héritier ne pouvait le vendre, sinon à Mstislav Rostropovitch.

En 2004, il acquiert un instrument fabriqué en 1740 par Pietro Guarneri.

Autres instruments

Un Storioni
Un Goffriller
Un Peresson
Un Vatelot

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