krautrock | fr

Le Krautrock (ou Kosmische Musik) est un genre musical ou mouvement qui est largement associé à nombre de groupes allemands de la fin des années 1960 et du début des 1970 tels que Can, Popol Vuh, Cluster, Klaus Schulze, Faust, Guru Guru, Kraftwerk, Tangerine Dream, Amon Düül, Ash Ra Tempel et Neu!. On peut aussi citer : Cosmic Jokers, Embryo, Harmonia, Kreidler, Spacemen 3, Mouse On Mars, Kieron Hebden, Uwe Schmidt, Pole.

Le mot Krautrock est la contraction de sauerkraut (choucroute en allemand) et rock. Le terme de Krauts désignait péjorativement, chez les soldats anglais, les soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais si la presse rock anglaise et internationale a désigné par Krautrock les groupes allemands apparus au début des années 70, c'est surtout par référence au morceau du groupe Faust qui portait ce nom (album Faust IV, 1973). Cette désignation est donc à utiliser avec prudence car elle est apparue plus tard que le mouvement et n'a pas été adoptée par ses acteurs mêmes : ce terme n'est généralement pas accepté par les groupes eux-mêmes, non seulement parce qu'il est péjoratif (en fait plutôt humoristique et ironique de la part du groupe Faust : Krautrock, ce "rock-choucroute", est un instrumental avant-gardiste de presque douze minutes basé sur une rythmique répétitive, aussi lancinante qu'une mécanique industrielle), mais aussi parce qu'ils ne considèrent pas que leur musique soit du rock.

Surtout instrumental, la signature du son de « Krautrock » mélange la musique rock, l'improvisation, les sources électroniques et l'utilisation d'effets de studio. Une frange de ce mouvement (Tangerine Dream, Klaus Schulze...) crée des textures qui préfigurent l'Ambient. Cluster et l'ingénieur du son Conny Plank vont même directement travailler avec Brian Eno. L'album de Brian Eno Ambient 1: Music for Airports (1978) a été conçu avec Conny Plank dans son studio en Allemagne. Des groupes comme Kraftwerk (à leurs débuts) sont aussi considérés comme faisant partie du « mouvement » Krautrock (bien qu'il ne s'agisse pas d'un mouvement à proprement parler) et vont surtout préfigurer la synthi-pop. Neu! (fondé par de anciens membres de Kraftwerk), Can ou encore Faust expérimentent les techniques de studio, les rythmiques hypnotiques, on parle parfois de motorik, et préfigurent ainsi le Post-rock.

Le terme a essentiellement été utilisé par les anglophones. En France, dans les années soixante-dix, il était plutôt question de rock allemand ou de Kosmische Musik, mais depuis le milieu des années quatre-vingt dix, et le développement de musiques plus ou moins héritières de la musique allemande des années soixante-dix (le Post-rock en particulier), le mot Krautrock est de nouveau beaucoup utilisé. Il refait aujourd'hui surface, à la faveur d'une série documentaire sur la WDR (Kraut und Rueben), de compilations ou encore d'un petit festival à Bonn. Par contre, il désigne maintenant tout le rock allemand des années soixante-dix (de l'expérimental au progressif en passant par le hard rock).

Bibliographie

* Julian Cope, Krautrocksampler, petit guide d'introduction à la grande Kosmische Musik, éditions Kargo & l'Éclat, 1996, 2005 (traduction).
* Eric Deshayes, Au-delà du Rock, la vague planante, électronique et expérimentale allemande des années soixante-dix, éditions Le Mot et Le Reste, 2007. .