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Dérivée de la techno traditionnelle, la techno minimale propose une structure et un champ spectral plus minimaliste. Un tempo plus lent (de l'ordre de 120 à 130 bpm), des variations rythmiques et séquentielles moins fréquentes, une couverture du spectre plus découpée et des basses qui s'étirent en contraste avec des percussions très brèves et aigües sont le propre de ce genre. Depuis le début des années 2000, on assiste à une "déferlante" minimale, partie d'Allemagne et qui s'étend dans toute l'Europe.

L'apparition de la techno minimale découle de l'évolution de la techno originelle de Detroit : on doit les premiers balbutiements de cette musique notamment aux américains Robert Hood (Minimal Nation, 1994), Jeff Mills et Daniel Bell, ou encore au Canadien d'origine anglaise Richie Hawtin. Ce dernier crée le label Plus 8 en 1990 avec John Acquaviva, et sort sous le pseudonyme de Plastikman des productions sombres, très sophistiquées et minimalistes. En Europe, le label allemand Basic Channel et l'énigmatique duo Maurizio, formé par Moritz von Oswald et Mark Ernestus et 1992, deviennent cultes avec des productions qui ont marqué à jamais l'histoire de la techno dite "minimale".

Au fil des années, la techno minimale est devenue "la" spécialité berlinoise. Dans cette ville se trouvent les principaux clubs dédiés à cette musique : Berghain et le fameux Panorama Bar, Watergate et Weekend sont les lieux où sont régulièrement programmés les DJ les plus talentueux. Après Steve Bug, l'un des premiers à s'intéresser à ce style musical et à sortir des productions par le biais de son label Raw Elements (1995), plus orientées vers la house minimale, l'Allemagne a développé ces derniers années une tech house minimale dite microhouse, nettement plus influencée par la house et le funk en version sobre, moins aride que la techno minimale, mais tout aussi complexe et hypnotique : Bloodie, Pier Bucci, Ricardo Villalobos et Luciano en sont les fers de lance.

Les Allemands classent cependant les sorties de techno et de house minimale sous la catégorie générique "techno".

Les labels les plus créatifs aujourd'hui sont (entre autres) le label M_nus (créé par Richie Hawtin), Kompakt (mené par Michael Mayer, Juergen Paape et Wolfgang Voigt), Boxer (Frank Martiniq, Delon & Dalcan - basés à Cologne, Matzak), Cadenza (Luciano), Perlon (qui a signé entre autres le fameux Ricardo Villalobos), Wagon Repair, Tenax Recordings, Trapez et Traum Schallplatten (Dominik Eulberg, Alex Under, Oliver Hacke, les débuts de Nathan Fake...), Playhouse (Isolée), Mobilee (Anja Schneider, Sebo K, Pan Pot), Persona Records (Stewart Walker), Freude am Tanzen, Vakant, Kahlwild, Foundsound, Dial, Hello ? Repeat, ou encore Musik Krause.

Les artistes internationaux révélés par leurs labels locaux se retrouvent rapidement sur les labels allemands voire anglais : Trentemoller, Akufen, Fairmont aka Jake Fairley, Tolga Fidan, etc.

En 2004, la tendance trancey et progressive de la "minimale", dite aussi Neo-Trance, a été propulsée sur le devant de la scène par le label de James Holden, Border Community, révélant des artistes tels que Nathan Fake, Extrawelt, Fairmont, Petter ou The MFA. Cette influence majeure se retrouve dans l'évolution du son d'autres labels comme Cocoon, Lasergun, Bpitch Control - qui a créé dans la foulée (2005) une sous-division spécifiquement "minimale", Memo Musik. Traum Schallplatten, en signant Minilogue et les russes Moonbeam, annonce que la tendance minimal trance caractérise le nouveau son du label.

Il est notoire que même les DJ et artistes les plus habitués à un son puissant et martelé, à une techno plus "traditionnelle", sont passés en quelques années à la "minimale" d'une façon ou d'une autre. C'est le cas de Sven Väth, Chris Liebing ou Adam Beyer. La même évolution se produit chez des artistes house ou progressive tels que Misstress Barbara ou John Digweed.

En France, les "Djettes" et Dj internationaux Chloé, Jennifer Cardini ont fortement contribué à faire connaître la minimale dès le début des années 2000, à travers leur résidence au Pulp et leurs compilations respectives : I hate dancing, et Lust sorties toutes deux sur le label français UWE pourtant très techno hardcore à ses débuts. (Cf. également leur collaboration sur Bpitch Control pour Chloé, sur Mobilee, Crosstown Rebels, Kompakt pour Jennifer Cardini.

Parallèlement, d'autres DJ français reconnus évoluent eux aussi vers le registre "minimal" dans leurs sets et leurs compilations sans toutefois s'y enfermer : Oxia (le morceau Domino sorti sur Kompakt, et la compilation Picture of Now 2 sur Scandium), Agoria (la compilation Cute & Cult) - qui vient de créer son label InFiné Records fin 2006.


Bien que le mouvement, depuis 2009, ait tendance à séduire un public moins large et devienne, comme à l'origine, plus underground (ce qui se traduit aussi par la désaffection de nombreux DJ et producteurs relativement populaires qui s'étaient tournés un temps vers cette musique), beaucoup conviennent, rétrospectivement, que son influence sur les différents genres de musique électronique de danse (et même au-delà) aura été très importante, débouchant sur des compositions plus épurées, lentes et complexes, même dans des styles qui ne lui sont pourtant pas liés directement, comme la Dubstep en Angleterre. .